Comprendre les origines : une histoire oubliée du vignoble auvergnat
Avant de parler de bouteilles ou de cépages, il faut se pencher sur l’histoire. Car le vignoble auvergnat, loin d’être une mode récente, plonge ses racines très loin dans le passé. Dès l’époque gallo-romaine, les premières traces de viticulture apparaissent dans la région. À cette époque, on plante de la vigne autour de Clermont, dans la Limagne, et jusque dans les zones plus reculées, là où le sol est pauvre mais bien drainé.
Au fil des siècles, ce vignoble prend de l’ampleur. Les abbayes médiévales structurent la culture du vin, les paysans cultivent des cépages rustiques, adaptés au climat rude et aux sols pierreux. À son apogée, au XIXe siècle, le vignoble auvergnat est l’un des plus vastes de France, avec plus de 40 000 hectares plantés. On exporte le vin jusqu’à Paris grâce au chemin de fer, et certaines communes vivent quasi exclusivement de la vigne.
Mais la fin du siècle marque un coup d’arrêt brutal. Le phylloxéra, ce petit insecte venu d’Amérique, ravage les ceps. Ajoutez à cela l’exode rural, la montée de la concurrence des grands vignobles du Sud, et l’interdiction de certaines pratiques anciennes, et vous obtenez un vignoble en déclin. Pendant près d’un siècle, l’Auvergne viticole est mise entre parenthèses.
Ce n’est que dans les années 1980, grâce à une poignée de passionnés, que les vignes recommencent à pousser. La reconnaissance officielle suit : AOC Côtes d’Auvergne en 2011, relance de cépages oubliés, conversion au bio… Aujourd’hui, cette histoire oubliée retrouve sa voix. Et elle mérite d’être écoutée.