L’histoire fascinante du vignoble auvergnat : des cendres antiques aux bouteilles d’aujourd’hui

25/04/2025

comment la vigne a-t-elle pris racine en Auvergne à l’époque gallo-romaine ?

Ah, l’Antiquité ! Période où l’Empire romain étendait ses tentacules sur l’Europe, transformant les paysages économiques et culturels. C’est précisément à cette époque que la vigne a fait son apparition en Auvergne, un héritage direct de l’occupation gallo-romaine. Les Romains, véritables amoureux du vin, ont apporté avec eux leur savoir-faire viticole et les premières ceps de vigne.

Pourquoi ici et pas ailleurs ? La réponse réside dans la géographie. Avec ses sols volcaniques riches en minéraux et un climat continental à tendance montagnarde, l’Auvergne offrait un terrain parfait pour cultiver des vignes robustes. Certaines sources historiques mentionnent même que les coteaux de l’Auvergne furent rapidement adaptés à la culture de la vigne, favorisée par des routes commerciales qui liaient la Gaule romaine au reste de l’Empire.

Ainsi, dès le IIIe siècle, des amphores de vin auvergnat circulaient déjà dans les réseaux commerciaux. Un joli succès pour un vignoble en pleine éclosion !

les abbayes médiévales : moteurs du vignoble auvergnat

Durant le Moyen Âge, les abbayes européennes ont joué un rôle prépondérant dans la préservation et la diffusion de la culture viticole. Et l’Auvergne n’a pas fait exception à la règle. Imaginez les monastères posés au cœur des montagnes, entourés de parcelles soigneusement entretenues par des moines. Ici, la vigne était bien plus qu’une simple culture. Elle avait une vocation spirituelle : produire le vin nécessaire pour célébrer la messe.

Parmi les grandes abbayes de la région, celle de Saint-Yvoine, non loin d’Issoire, et celle de La Chaise-Dieu, ont marqué l’histoire du vignoble auvergnat. Les moines, réputés pour leur savoir-faire agricole, ont perfectionné les techniques de vinification tout en défrichant de nouvelles parcelles sur les pentes volcaniques. Ces communautés religieuses ont également favorisé la diffusion des cépages indigènes tels que le gamay d’Auvergne ou encore le tressallier, des variétés qui existent encore aujourd’hui.

le XIXe siècle, l’apogée du vignoble auvergnat

On pourrait qualifier le XIXe siècle d’âge d’or du vignoble en Auvergne. À cette époque, le vin coulait à flot et tout le territoire était couvert de vignes. Il faut dire que la proximité avec l’axe ferroviaire Paris-Clermont-Ferrand a permis de démocratiser la consommation des vins auvergnats au-delà des frontières régionales. On estime qu'au milieu de ce siècle, le vignoble couvrait près de 46 000 hectares, soit une superficie presque deux fois plus importante qu’aujourd’hui !

Cette prospérité reposait également sur la forte demande des ouvriers parisiens, friands de ce vin accessible et chaleureux. Les brasseries de la capitale se tournaient alors vers l’Auvergne pour remplir leurs bouteilles, et les “petits vins” d’Auvergne connaissaient leur moment de gloire. Clermont-Ferrand, Riom et Thiers étaient des plaques tournantes du commerce viticole.

Mais hélas, cette période fastueuse allait bientôt connaître un brutal coup d’arrêt...

le terrible passage du phylloxéra auvergnat

C’est impossible d’évoquer l’histoire du vignoble en France sans parler du phylloxéra, cet insecte ravageur qui, à la fin du XIXe siècle, a semé le chaos dans quasiment tous les vignobles européens. L’Auvergne n’a pas été épargnée. Arrivé dans les années 1860 par les côtes françaises, ce fléau a mis moins de deux décennies pour décimer une large partie du vignoble auvergnat.

Sous les assauts combinés du phylloxéra et des maladies liées aux monocultures, des milliers d’hectares furent abandonnés. Les petites exploitations familiales, incapables de se relever de cette crise, laissèrent leurs parcelles se perdre dans la nature. En 1900, la surface plantée avait été divisée par deux.

Pourtant, tout n’a pas été perdu : la reconstitution du vignoble passa par la greffe des ceps sur des porte-greffes américains résistants au parasite. Mais force est de constater que l’Auvergne n’a jamais vraiment retrouvé l’ampleur de son vignoble du XIXe siècle.

les années 1980 : le réveil d’un volcan viticole

Après la catastrophe du phylloxéra et les désastres économiques du début du XXe siècle, le vignoble auvergnat semblait endormi pour de bon. Heureusement, c’était sans compter sur l’engouement des années 1980 pour des vins plus authentiques et plus typés. Un mouvement national et mondial pour sauver les terroirs oubliés était en marche, et l'Auvergne a pu en tirer parti.

Ce renouveau s’est appuyé sur une poignée de vignerons passionnés qui ont cru à la valeur de ce terroir unique. Ils ont non seulement réhabilité certaines parcelles volcaniques, mais ils ont aussi cherché à remettre au goût du jour les cépages locaux (le gamay bien sûr, mais aussi le pinot noir ou encore la folle blanche).

Le tournant fut marqué en 2010 lorsque les vins des côtes d’Auvergne ont enfin obtenu leur appellation d’origine contrôlée (AOC). Une consécration, et une reconnaissance nationale du potentiel exceptionnel de ces vins, forgés par des sols volcaniques. Aujourd’hui, les vignerons auvergnats n’ont pas peur d’expérimenter, en jouant sur les macérations ou les élevages en amphores pour ajouter une touche d’innovation aux traditions ancestrales.

les forces géologiques et climatiques de l’Auvergne dans l’identité des vins

Ce qui rend le vignoble auvergnat unique, c’est son lien intime avec la géologie de la région. Ici, les sols volcaniques, riches en basalte, en cendres et en pierre ponce, donnent aux vins une identité distincte. Mineralité, fraîcheur et tensions aromatiques caractérisent souvent les bouteilles issues de ces terres. Il s’agit de vins de terroir au sens le plus pur du terme, car aucun autre endroit au monde ne possède ce mélange de volcanisme, d’altitude et de latitude.

N’oublions pas non plus le climat : rude et contrasté, avec des hivers longs et des étés chauds, il sculpte également la personnalité des raisins. Il oblige les vignerons à maîtriser leur savoir-faire sans concession. On dit souvent que dans les climats difficiles naissent les grands vins... et l’Auvergne le prouve chaque jour !

d’hier à demain : un avenir brillant sous les cendres

L’Auvergne, terre de volcans, de traditions et de résilience, a su traverser les époques en laissant son empreinte dans le monde viticole. De l’antiquité gallo-romaine à la renaissance actuelle, les vins auvergnats racontent une aventure humaine et géologique unique, une histoire d’adaptation face à l’adversité et d’amour pour un terroir atypique.

Et aujourd’hui, face à la demande croissante pour des vins plus proches de la nature, nul doute que le vignoble d’Auvergne a encore de belles pages à écrire. Alors, que diriez-vous d’ouvrir une bouteille pour goûter cette histoire à même le verre ? Santé !

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